Ils étaient là, tous les deux, assis dans le salon,
Lui, le regard triste, les yeux perdu dans l’horizon.
Il essayait, mais en vain, de ne penser à rien,
Et ses pensées parcouraient son cœur plein de chagrin.
Elle, le regard humide et la bouche sèche,
Une bouche qui a dû trop souvent se taire,
Parcourait silencieusement les quelques dépêches
Relatant les premiers mois de cette guerre.
Ils étaient là, tous les deux assis dans le salon,
Près de la cheminée, le regard triste et profond.
Ils attendaient impatient et attentent toujours,
De leur fils, un petit mot, une lettre ou un retour.
Ils étaient là tous les deux, sans un mot, sans rien dire,
Ils n’osaient se parler, ils n’osaient se comprendre.
Puis ils priaient le bon Dieu jusqu’à n’en pas finir,
Deux vieux désabusés restaient là à attendre.
Janvier quarante
Jean est tombé
Balle dans le ventre
Dans nos mémoires mouillées.
Ils étaient là, tous les deux, assis dans la chambre,
Lui, assis dans son fauteuil, le regard vers demain,
Acceptant le destin sans pouvoir se défendre,
De ses pensées furtives, voguant vers le lointain.
Elle, le cœur gros et mouillé, elle parcourait la pièce,
Attendre immobile lui était impossible.
Dans son fort intérieur elle criait sa détresse,
Loin de son fils tout lui semblait très futile.
Ils étaient là, tous les deux, assis dans la chambre 1/2
Où le jour devient nuit, et la nuit une tromperie.
Alors ne plus parler pour ne pas se méprendre,
Puis attendre s’il le faut jusqu’au bout de la vie.
Ils étaient là, tous les deux, ils priaient le bon Dieu,
Qu’il ramène ce fils qu’il a osé leur prendre,
Puis faire taire ces canons et leurs fracas honteux.
Deux vieux désabusés restaient là à attendre.
Janvier quarante
Helmut est mort
Balle dans le ventre
Pardonnez ce remords
Pardonnez ce remords…